Camillo Berneri, ein Philosophielehrer aus Lodi, war sicherlich einer der interessantesten anarchistischen Autoren aus Italien. Berneri hielt sich übrigens Anfang der 1930er in Luxemburg auf und hatte eine Wohnung in Rodange bezogen, wurde aber bereits nach 14 Tagen von der hiesigen Polizei des Landes verwiesen (Berneri war zuvor zweimal wegen Attentatsplänen auf den italienischen Justizminister
Rocco zu Gefängnisstrafen verurteilt worden). Am 5. Mai 1937 ist Berneri, der im spanischen Bürgerkrieg mit anderen italienischen Anarchisten in Ascaso-Kolonne
kämpfte, von Militanten des katalanischen Ablegers der Kommunistischen Partei Spaniens, der
PSUC,
ermordet worden.
Rezente Literatur über Berneri (in italienisch): Stefano D’ERRICO, Anarchismo e politica. Nel problemismo e nella critica dell’anarchismo
del ventesimo secolo, il ‚programma minimo‘ dei libertari del terzo millennio.
Rilettura antologica e biografica di Camillo Berneri, Milano, 2007. – Carlo
DE MARIA, Camillo Berneri. Tra anarchismo e liberalismo,
Milano, 2004.
Hier ein auf mondialisme.org gefundener Text vom 18. Januar 1936, in dem sich Berneri vom karikaturalen (in Spanien: fanatischen) Antiklerikalismus der Anarchisten abgrenzt und auch diesbezüglich für Toleranz plädiert:
Le prolétariat ne se nourrit pas de curés.
(...) Eh bien, je déclare, bien que je ne pratique aucun culte et
ne professe aucune religion, que je n’en serais pas moins, dans le
cours de la révolution italienne, à côté des catholiques, des
protestants, des juifs, des Grecs orthodoxes, chaque fois que ceux-ci
revendiqueront la liberté religieuses pour tous les cultes.
Considérant que j’ai eu l’occasion de constater que mon attitude et
mes propos ne recueillent pas l’assentiment général de mes camarades
de foi et de lutte, je crois utile d’expliquer mon opinion sur la
question, et je le crois utile d’autant plus qu’au-delà de la valeur du
principe, j’aperçois des erreurs révolutionnaires porteuses à mon
avis de dommages et de dangers très graves. Chaque intellectuel
devrait (...) prendre comme devise les mots de Voltaire 'Monsieur
l’Abbé, je suis convaincu que votre livre est plein de bêtises, mais je
donnerai la dernière goutte de mon sang pour vous assurer le droit
de publier vos bêtises'.
Aucun anarchiste, dis-je, ne peut repousser ce principe sans
cesser d’être anarchiste. Quand, au cours du dernier congrès mondial
de l’AIT, je disais aux délégués espagnols qu’il fallait considérer
l’anticléricalisme défendu par la CNT et par beaucoup d’éléments
de la FAI comme non anarchiste, borné et fou, et que l’un des facteurs
de succès des courants fascistes espagnols était cet
anticléricalisme, j’avais sous les yeux un texte de délibération
rédigé par les anarchistes espagnols où l’on préconisait
l’interdiction des pratiques cultuelles tout en tolérant les
sentiments intérieurs (comme si ces sentiments n’étaient pas
totalement libres sous le talon de Mussolini, comme celui de Hitler et
de Staline). L’anticléricalisme prend souvent le caractère de
l’Inquisition... rationaliste. Un anticléricalisme non libéral,
quelle que soit sa coloration d’avant-garde est fasciste. Non
seulement fasciste, mais pas très intelligent.
Malatesta a toujours réprouvé les fanatiques... de la Libre
Pensée. En rapportant cette nouvelle parue dans un journal
anarchiste ('A Barcelone, une bombe a éclaté dans une procession
religieuse, faisant quarante morts et on ne sait combien de blessés.
La police a arrêté plus de 90 anarchistes avec l’espoir de mettre la
main sur l’héroïque auteur de l’attentat'), Malatesta commentait
ainsi, dans le numéro unique de
L’Anarchia (août 1896) : 'Aucune raison
que la lutte pourrait justifier, aucune excuse, rien ; est-il
héroïque d’avoir tué femmes, enfants, hommes sans défense parce qu’ils
étaient catholiques ? Cela est déjà pire que la vengeance : c’est la
fureur morbide de mystiques sanguinaires, c’est l’holocauste
sanguinaire sur l’autel de Dieu ou d’une idée, ce qui revient au
même ; ô Torquemada ! ô Robespierre !' [...]
[...]
Si presque tous les anticléricaux refusent de croire qu’il puisse
y avoir des prêtres intelligents, cultivés et exerçant sérieusement
et honnêtement leur fonction, de ministre du culte catholique,
protestant ou juif, cela signifie que presque tous les
anticléricaux sont, à leur façon, des cléricaux.
L’anticléricalisme, déjà philosophiquement pauvre et
scientifiquement tracassier et superficiel, a été en outre en
Italie, et est encore en France et en Espagne, borné dans sa
perception du problème social.
Le 'danger clérical' a été utilisé en Italie comme substitutif
par la bourgeoisie libérale et par le radicalisme ; en France,
depuis 1871, la lutte contre l’Eglise a permis à la bourgeoisie
républicaine d’éviter les réformes sociales. En Espagne, le
républicanisme à la
Lerroux a joué, lui aussi la carte de
l’anticléricalisme, qui, mis en pratique par la gauche, a permis à
la coalition catholique fasciste de se développer. Il faut en
finir avec cette spéculation. Le prolétariat ne se nourrit pas de
curés. [...]
Les anarchistes doivent avoir foi dans la liberté. Quand
l’instruction sera ouverte à tous, quand la misère du prolétariat
aura disparu, quand les classes moyennes se seront modernisées, le
clergé ne pourra plus, une fois perdus ses privilèges de caste,
remplir entièrement ses fonctions. Déjà, dans l’après-guerre, les
séminaires étaient dépeuplés et, souvent, il y avait de jeunes
prêtres qui, une fois le titre professionnel obtenu, jetaient leur
soutane aux orties. Quand, dans chaque village, les cercles
culturels, les cercles récréatifs, les associations sportives et
de théâtre amateur, le cinéma, la radio, etc., éloigneront la
jeunesse de l’Eglise et des cercles récréatifs catholiques ; quand
une vie de couple plus harmonieuse permettra à la femme d’échapper
aux charmes de la confession et au besoin de réconfort religieux ;
quand face au dogme il y aura la chaire du maître et que le prêtre ne
sera plus appelé à pontifier mais à un débat public et ouvert ; quand,
enfin, le grand souffle de la révolution aura balayé presque tous
les éléments qui renforcent et corrompent le clergé et qui se
soumettent à son pouvoir : l’ignorance de l’enfance, la jeunesse
sans horizons, la féminité frustrée et avide de soutien moral, alors
qu’en sera-t-il du 'danger clérical' ?
Quand la révolution aura gagné les esprits, les églises ne seront
plus que les monuments d’une puissance abattue, comme l’arc impérial
et les châteaux féodaux ; leurs cloches seront silencieuses, leurs
nefs vides de chants liturgiques, leurs autels dépouillés d’or et de
cierges. Mais tant qu’elle sera victorieuse sur les choses, muette et
travestie sous le regard inquisiteur des Jacobins, vaincue et
dispersée en apparence, mais sous les cendres plus que jamais
vivante, l’Eglise ressuscitera tôt ou tard, peut-être renforcée.
L’anticléricalisme anarchiste ne peut être ni antilibéral ni
simpliste.
Camillo Berneri
(Ich habe gegenüber dem Text bei mondialisme.org, der bereits gekürzt ist (...), noch weitere Ausschnitte vorgenommen [...])