Mai 25, 2012

154 Jahre Paul Reclus


Plus loin... que la politique (Auszug)

"La politique est la bête noire des hommes sincères. Un grand nombre d’entre eux se réfugient dans l’art, dans la science, dans leur métier. 'Je ne m’occupe pas de politique' est la phrase dédaigneuse de beaucoup.
La politique, dit Littré, est la science du gouvernement des États — est politique ce qui a trait aux affaires publiques. Cette science — puisque science il y a — est pour ainsi dire aussi vieille que le monde, mais elle s’est compliquée en prenant de l’âge ; sans doute, elle a eu sa raison d’être à toutes les époques, et elle a encore sa raison d’être, seulement la manière dont elle a évolué ne répond plus à la manière dont notre mentalité a évolué. Certains côtés, certains aspects de la politique (certaines excroissances si l’on veut) étaient autrefois peu visibles et ne choquaient pas ceux qui, les apercevaient, tandis que de plus en plus, ces laideurs se révèlent comme inhérentes à la politique et entraînent sa condamnation.
Les hommes adonnés à la politique détiennent un pouvoir — le Pouvoir — lequel attire les convoitises de beaucoup. La conservation du Pouvoir appartient à la 'lutte des partis', d’où toute franchise est exclue. Même 'l’honnêteté politique', distincte de l’honnêteté tout court, est une vertu plutôt rare. Nous ne considérons l’homme, ni comme primordialement bon, ni comme mauvais ; il devient l’un ou l’autre au gré des circonstances et de sa résistance ; il devient même l’un et l’autre, bon par un côté, mauvais par l’autre. Est mauvaise toute situation qui 'induit l’homme en tentation'; est favorable toute organisation qui évite 'l’occasion qui fait le larron'.
Il est un autre pouvoir que celui auquel conduit la politique. C’est l’argent, mais aujourd’hui, nous ne faisons pas son procès ; nous ne discuterons pas si l’origine de ces deux formes de domination fut commune ou distincte, nous n’étudierons pas leur évolution qui parfois les réunit dans les mêmes mains, et parfois les fit rivales. Bornons-nous à constater qu’à l’heure actuelle la possession de l’un de ces pouvoirs est souvent un acheminement vers le second. Les hommes politiques ont des occasions fréquentes de s’enrichir ; les riches ont de grandes facilités pour accéder au Pouvoir.
Ce que nous combattons, ce n’est pas l’homme politique — vénal par exception, dirons-nous — c’est la politique elle-même qui opère une dégradation presque immanquable dans le caractère des hommes qui s’en occupent."

(Plus loin, no. 2, April 1925. Den ganzen Artikel findet man hier: http://www.la-presse-anarchiste.net/spip.php?article2287).

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