Auch dieses Jahr soll hier Zo d'Axa als Vertreter des klassischen französischen Individualanarchismus nicht zu kurz kommen. Ausgewählt habe ich dieses Mal einen seiner bekannteren Texte, der, da wir uns ja ständig in irgendwelchen Wahlkämpfen befinden (gestern erst in Bremen und Spanien, im Oktober auch hierzulande), wohl zeitlose Aktualität besitzt. Im Jahre 1898 stellte Zo d'Axa in den Seiten der Feuilles die Kandidatur des weißen Esels "Nul" zu den Parlamentswahlen vor; einige Pariser Anarchisten ziehen dann tatsächlich am Wahltag mit einem weißen Esel durch die Stadt, dieser wurde allerdings nach einer "heftigen Schlägerei" von der Polizei einkassiert... Hier also das Wahlmanifest des Esels Nul:
Electeurs,
En me présentant à vos suffrages, je vous dois quelques mots. Les voici :
De vieille famille française, j’ose le dire, je suis un âne de race, un âne dans le beau sens du mot — quatre pattes et du poil partout.
Je m’appelle Nul, comme le sont mes concurrents et candidats.
Je suis blanc, comme le sont nombre de bulletins qu’on s’obstinait à ne pas compter et qui, maintenant, me reviendront.
Mon élection est assurée.
Vous comprendrez que je parle franc.
Citoyens,
On vous trompe. On vous dit que la dernière Chambre composé d’imbéciles et de filou ne représentait pas la majorité des électeurs. C’est faux.
Une Chambre composée de députés jocrisses et de députés truqueurs représente, au contraire, à merveille les Electeurs que vous êtes. Ne protestez pas : une nation a les délégués qu’elle mérite.
Pourquoi les avez-vous nommés ?
Vous ne vous gênez pas, entre vous, pour convenir que plus ça change et plus c’est la même chose, que vos élus se moquent de vous et ne songent qu’à leurs intérêts, à la gloriole ou à l’argent.
Pourquoi les renommerez-vous demain ?
Vous savez très bien que tout un lot de ceux que vous enverrez siéger vendront leur voix contre un chèque et feront le commerce des emplois, fonctions et bureaux de tabac.
Mais pour qui les bureaux de tabac, les places, les sinécures si ce n’est pour les Comités d’électeurs que l’on paye ainsi ?
Les entraîneurs de Comités sont moins naïfs que le troupeau.
La Chambre représente l’ensemble.
Il faut des sots et des roublards, il faut un parlement de ganaches et de Robert Macaires pour personnifier à la fois tous les votards professionnels et les prolétaires déprimés.
Et ça, c’est vous !
On vous trompe, bons électeurs, on vous berne, on vous flagorne quand on vous dit que vous êtes beaux, que vous êtes la justice, le droit, la souveraineté nationale, le peuple-roi, des hommes libres. On cueille vos votes et c’est tout. Vous n’êtes que des fruits… des poires.
On vous trompe encore. On vous dit que la France est toujours la France. Ce n’est pas vrai.
La France perd, de jour en jour, toute signification dans le monde — toute signification libérale. Ce n’est plus le peuple hardi, coureur de risques, semeur d’idées, briseur de culte. C’est une Marianne agenouillée devant le trône des autocrates. C’est le caporalisme renaissant plus hypocrite qu’en Allemagne — une tonsure sous le képi.
On vous trompe, on vous trompe sans cesse. On vous parle de fraternité, et jamais la lutte pour le pain ne fut plus âpre et meurtrière.
On vous parle de patriotisme, de patrimoine sacré — à vous qui ne possédez rien.
On vous parle de probité ; et ce sont des écumeurs de presse, des journalistes à tout faire, maîtres fourbes ou maîtres chanteurs, qui chantent l’honneur national.
Les tenants de la République, les petits bourgeois, les petits seigneurs sont plus durs aux gueux que les maîtres des régimes anciens. On vit sous l’œil des contremaîtres.
Les ouvriers aveulis, les producteurs qui ne consomment pas, se contentent de ronger patiemment l’os sans moelle qu’on leur a jeté, l’os du suffrage universel. Et c’est pour des boniments, des discussions électorales qu’ils remuent encore la mâchoire — la mâchoire qui ne sait plus mordre.
Quand parfois des enfants du peuple secouent leur torpeur, ils se trouvent, comme à Fourmies, en face de notre vaillante Armée… Et le raisonnement des lebels leur met du plomb dans la tête.
La Justice est égale pour tous. Les honorables chéquards du Panama roulent carrosse et ne connaissent pas le cabriolet. Mais les menottes serrent les poignets des vieux ouvriers que l’on arrête comme vagabonds !
L’ignominie de l’heure présente est telle qu’aucun candidat n’ose défendre cette Société. Les politiciens bourgeoisants, réactionnaires ou ralliés, masques ou faux-nez républicains, vous crient qu’en votant pour eux ça marchera mieux, ça marchera bien. Ceux qui vous ont déjà tout pris vous demandent encore quelque chose :
Donnez vos voix, citoyens !
Les mendigots, les candidats, les tirelaines, les soutire-voix, ont tous un moyen spécial de faire et refaire le Bien public.
Ecoutez les braves ouvriers, les médicastres du parti : ils veulent conquérir les pouvoirs… afin de les mieux supprimer.
D’autres invoquent la Révolution, et ceux-là se trompent en vous trompant. Ce ne seront jamais des électeurs qui feront la Révolution. Le suffrage universel est créé précisément pour empêcher l’action virile. Charlot s’amuse à voter…
Et puis quand même quelque incident jetterait des hommes dans la rue, quand bien même, par un coup de force, une minorité ferait acte, qu’attendre ensuite et qu’espérer de la foule que nous voyons grouiller — la foule lâche et sans pensée.
Allez ! allez, gens de la foule ! Allez, électeurs ! aux urnes… Et ne vous plaignez plus. C’est assez. N’essayez pas d’apitoyer sur le sort que vous vous êtes fait. N’insultez pas, après coup, les Maîtres que vous vous donnez.
Ces Maîtres vous valent, s’ils vous voient. Ils valent, sans doute, davantage ; ils valent vingt-cinq francs par jour, sans compter les petits profits. Et c’est très bien :
L’Electeur n’est qu’un Candidat raté.
Au peuple du bas de laine, petite épargne, petite espérance, petits commerçants rapaces, lourd populo domestiqué, il faut Parlement médiocre qui monnoie et qui synthétise toute la vilenie nationale.
Votez, électeurs ! Votez ! Le Parlement émane de vous. Une chose est parce qu’elle doit être, parce qu’elle ne peut pas être autrement. Faîtes la Chambre à votre image. Le chien retourne à son vomissement — retournez à vos députés…
Chers électeurs,
Finissons-en. Votez pour eux. Votez pour moi.
Je suis la Bête qu’il faudrait à la Belle Démocratie.
Votez tous pour l’Âne blanc Nul, dont les ruades sont plus françaises que les braiements patriotards.
Les rigolos, les faux bonshommes, le jeune parti de la vieille-garde : Vervoort, Millevoye, Drumont, Thiébaud, fleurs de fumier électoral, pousseront mieux sous mon crottin.
Votez pour eux, votez pour moi !
1 Kommentar:
Very interesting! I did't know the story. Thanks!
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