Januar 22, 2011

186 Jahre Ernest Coeurderoy

Nach Proudhon und Spooner führt uns auch das dritte im neuen Jahr angezeigte Geburtstag zurück in die Mitte des neunzehnten Jahrhunderts und in die Früh- bzw. Vorzeit des Anarchismus. Geprägt von Proudhon, Leroux und Fourier nimmt der junge Krankenhaus-Internist und Journalist Ernest Coeurderoy an der Revolution von 1848 teil, muss aber nach Teilnahme an Ledru-Rollins Demonstration gegen die Romexpedition Bonapartes wie viele andere démocrates-socialistes im Juni 1849 ins Ausland flüchten. Bis zu seinem Selbstmord 1862 (im Alter von nur 37 Jahren) führt ihn das Exil in die Schweiz, nach Belgien, England, Spanien, Portugal und Italien. Während seiner Jahre im Exil veröffentlicht Coeurderoy die meisten seiner recht lyrischen und sprachgewaltigen Schriften, die dazu führten, dass er wahlweise als Vorgänger Bakunins, Nietzsches oder gar Lenins tituliert wurde (auch Raoul Vaneigem von der Situationistischen Internationale ist ein Fan). Zumindest die letzte These mag durch die ausgewählte Textpassage aus dem zweiten Band der Jours d'exil in Frage gestellt werden: wendet sich doch der "antiautoritäre" Coeurderoy dort auf den Spuren Proudhons gegen den gleichmacherischen Kommunismus:

"[Introduction] XXX.

Je travaille comme le semeur. Il met de l'amour-propre à son ouvrage, et ne le trouverait pas bon si d'autres que lui s'avisaient d'y toucher.
L'homme est ainsi fait. II se croit bien différent de tous ceux qui l'approchent, et cependant les appelle ses semblables. A moins d'être contrefait, gâteux ou nègre, il n'est pas un individu qui ne s'estime supérieur a son voisin dans toutes les attributions qu'il préfère. Non, pas un de nous ne consentirait à donner sa nue personne en échange d'une autre également dépouillée de titres, de prestige et de fortune.
L'homme est bien fait ainsi. Cette bonne opinion qu'il a de lui-même sauvegarde sa liberté propre et maintient l'harmonie dans notre petit monde au moyen de la variété.
Dès que nous nous écartons de cette notion de diversité, nous arrivons à celle de similitude; de la notion de similitude nous passons à celle d'égalité par un tout petit sophisme à la façon de Babœuf, Condorcet, Jean-Jacques, Lycurgue, Robespierre, Louis XIV, et Loyola, le niveleur de cadavres! 
Et quand nous en sommes à ce point, adieu la liberté, adieu les droits de l'homme! Nous voilà dans l'esclavage, tête et génitoires; notre intelligence et notre race râlent a jamais sous les serres du plus fort. Les gouvernants couchent nos revendications anarchiques dans de beaux draps en papier blanc qu'on nomme des chartes. Les salves joyeuses du canon bercent, endorment les peoples volés. Ronflez Te Deum! L'ordre règne dans les cités pantelantes!
Se ressembler, se rassembler, être ressemblants, être rassemblés, c'est toujours même chose. Les semblables, les pareils, les égaux peuvent être réunis.
Or une réunion suppose un ordre, une classification, une tête, une queue, un juste-milieu, une direction, une obéissance, un mot d'ordre, des devoirs, des supérieurs, des inferieurs, des riches et des pauvres.
De là les rois, les sujets, les dictateurs, les plèbes, les maîtres et les esclaves. De là les théocraties, les aristocraties, les démocraties, les autocraties, les bureaucraties, etc., etc. De là des chaînes, des balles, des canons, des écus, des pieds lourds de despotes et d'usuriers foulant, pelant la tête des nations, marchant, roulant sur elles comme sur l'arène des chemins. De là le Mal, la Guerre, les Emeutes, les Coups d'Etat, la Misère, les noyades, les mitraillades, la Saint-Barthélemy, Néron, Bonaparte, Hérode, Pilate et Samson-le-Bourreau !
Hommes! je vous le dis, si vos droits sont égaux, vos natures sont diverses. Quand vous parlez l’un de l’autre, ne dites donc pas MON SEMBLABLE, dites MON DIFFÉRENT. Et croyez que c’est avoir beaucoup fait pour le Droit que d'en avoir posé nettement  les termes relatifs. Croyez que la langue donne la mesure des coutumes, et que, parmi les gens qui se disent pareils, le plus petit nombre est super-posé, et le plus grand sous-mis. Croyez enfin que, si la conservation des droits de chacun est remise aux mains de tous, les hommes deviennent solidaires dans l'esclavage, dans la souffrance, mais jamais dans la liberté, jamais dans le bonheur.
L'égalité des personnes est un guet-à-pens, une souricière sociale dans laquelle se démènent encore les Cosaques et les partisans de M. Cabet. Moi, qui prétends être différent des autres, je suis plus juste, plus libre, et surtout moins ambitieux que les chefs communistes. — Principes sacerdotum!
Et je sème en chantant!"
Ernest Coeurderoy, Jours d'exil. Deuxième partie, London, 1855, S.75-76.

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