"Ainsi l'on a affecté de ne voir dans les scandales de l'époque que de l'agiotage. Le Moniteur l'a fait entendre; la magistrature, suivant l'exemple donné d'en haut, a fulminé ses mercuriales. La comédie à son tour a fait semblant d'agiter ses grelots. Qu'accusent cependant l'organe officiel, et la justice, et le théâtre? Le jeu, rien que le jeu. Mais, messieurs, Le JEU ne produit pas de si puissants efforts. Nous ne serions pas si malades si nous n'avions à nous reprocher que cette peccadille. Disons la vérité. (...).
(...) tandis que la Sagesse constituée accuse le jeu, que la Scène le châtie, que la Bourse elle-même, ravie de se voir si bien chaperonnée, le dénonce : l'improbité règne dans les moeurs, la piraterie dans les affaires. Sous l'apparence de transactions régulières et libres, de réalisations facultatives, d'exercice légitime de la propriété, sévissent, sans nul empêchement, le charlatanisme, la corruption, l'infidelité, le chantage, l'escroquerie, la concussion, le vol."
"La spéculation n'est autre chose que la conception intellectuelle des différents procédés par lesquels le travail, le crédit, le transport, l'échange, peuvent intervenir dans la production. (...) Ainsi donc la Spéculation est, à proprement parler, le génie de la découverte. C'est elle qui invente, qui innove, qui pourvoit, qui résout, qui, semblable à l'Esprit infini, crée de rien toutes choses. Elle est la faculté essentielle de l'économie. Toujours en éveil, inépuisable dans ses ressources, méfiante dans la prospérité, intrépide dans les revers, elle avise, conçoit, raisonne, définit, organise, commande, LÉGIFÈRE; le Travail, le Capital, le Commerce exécutent. Elle est la tête, ils sont les membres; elle marche en souveraine, ils sont les esclaves.
Son action est universelle. Le premier qui laboura un champ, qui enferma du bétail dans un parc, qui fit fermenter du jus de pomme ou de raisin, qui creusa, au moyen de la flamme, un canot dans un tronc d'arbre, fut tout autant spéculateur que celui qui, longtemps après, imagina la monnaie ou la lettre de change."
"Pour une bourgeoise intelligente, généreuse et probe, la Bourse eût été le parlement duquel seraient émanés chaque jour des décrets plus efficaces que toutes les ordonnances des ministres et les lois votés par quatre cent cinquante-neuf représentants. Il n'est police, armée ni tribunaux qui eussent pu se comparer à cette force de la spéculation pour le maintien de l'ordre. Sous un tel régime, le pays avait la possession absolue de lui-même: la non-confiance devenait impossible.
La bourgeoisie, il faut l'avouer, est loin d'avoir compris ces hautes et nobles fonctions. Saisie d'une fièvre de spéculation agioteuse, avide de concessions, de subventions, de privilèges, de primes et de monopoles, elle a considéré la fortune publique comme une proie qui lui était dévolue; l'impôt comme une branche de son revenu; les grands instruments du travail national, chemins de fer, canaux, usines, comme les gages de son parasitisme; la propriété, comme un droit de rapine; le commerce, l'industrie, la Banque, comme des façons naturelles d'exploiter le peuple et de pressurer le pays."
La bourgeoisie, il faut l'avouer, est loin d'avoir compris ces hautes et nobles fonctions. Saisie d'une fièvre de spéculation agioteuse, avide de concessions, de subventions, de privilèges, de primes et de monopoles, elle a considéré la fortune publique comme une proie qui lui était dévolue; l'impôt comme une branche de son revenu; les grands instruments du travail national, chemins de fer, canaux, usines, comme les gages de son parasitisme; la propriété, comme un droit de rapine; le commerce, l'industrie, la Banque, comme des façons naturelles d'exploiter le peuple et de pressurer le pays."
(aus der rezenten Anthologie mit Auszügen aus dem und Kommentar zum Manuel du spéculateur de la Bourse, Proudhons kommerziell erfolgreichstem Buch, das jedoch vollständig zuletzt ...1869 veröffentlicht wurde; S.58-59, 68-70, 82).
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