Ein Beitrag Proudhons aus dem Jahre 1846 zur "socialist calculation debate":
"La concurrence est nécessaire à la constitution de la valeur, c'est-à-dire au principe même de la répartition, et par conséquent à l'avénement de l'égalité. Tant qu'un produit n'est donné que par un seul et unique fabricant, la valeur réelle de ce produit reste un mystère, soit dissimulation de la part du producteur, soit incurie ou incapacité à faire descendre le prix de revient à son extrême limite. Ainsi, le privilége de la production est une perte réelle pour la société; et la publicité de l' industrie comme la concurrence des travailleurs un besoin. Toutes les utopies imaginées et imaginables ne peuvent se soustraire à cette loi.
Certes, je n' ai garde de nier que le travail et le salaire ne puissent et ne doivent être garantis ; j'ai même l'espoir que l'époque de cette garantie n' est pas éloignée : mais je soutiens que la garantie du salaire est impossible sans la connaissance exacte de la valeur, et que cette valeur ne peut être découverte que par la concurrence, nullement par des institutions communistes ou par un décret du peuple. Car il y a quelque chose de plus puissant ici que la volonté du législateur et des citoyens : c'est l'impossibilité absolue pour l'homme de remplir son devoir dès qu' il se trouve déchargé de toute responsabilité envers lui-même : or, la responsabilité envers soi, en matière de travail, implique nécessairement, vis-à-vis des autres, concurrence. Ordonnez qu'à partir du Ier janvier 1847, le travail et le salaire sont garantis à tout le monde : aussitôt une immense relâche va succéder à la tension ardente de l'industrie ; la valeur réelle tombera rapidement au-dessous de la valeur nominale ; la monnaie métallique, malgré son effigie et son timbre, éprouvera le sort des assignats ; le commerçant demandera plus pour livrer moins ; et nous nous retrouverons un cercle plus bas dans l'enfer de misère dont la concurrence n' est encore que le troisième tour.
Quand j'admettrais, avec quelques socialistes, que l'attrait du travail puisse un jour servir d'aliment à l'émulation, sans arrière-pensée de profit, de quelle utilité pourrait être, dans la phase que nous étudions, cette utopie ? Nous ne sommes encore qu'à la troisième époque de l'évolution économique, au troisième âge de la constitution du travail, c'est-à-dire dans une période où il est impossible que le travail soit attrayant. Car l'attrait du travail ne peut être l'effet que d'un haut développement physique, moral et intellectuel du travailleur. Or, ce développement lui-même, cette éducation de l'humanité par l'industrie, est précisément l'objet que nous poursuivons à travers les contradictions de l'économie sociale. Comment donc l'attrait au travail pourrait-il nous servir de principe et de levier, alors qu'il est encore pour nous le but et la fin ?
Mais, s'il est indubitable que le travail, comme manifestation la plus haute de la vie, de l'intelligence et de la liberté, porte avec soi son attrait, je nie que cet attrait puisse jamais être totalement séparé du motif d' utilité, et partant d'un retour d'égoïsme ; je nie, dis-je, le travail pour le travail, de même que je nie le style pour le style, l' amour pour l' amour, l' art pour l' art. (...)
Mais la concurrence abandonnée à elle-même et privée de la direction d'un principe supérieur et efficace, n'est qu'un mouvement vague, une oscillation sans but de la puissance industrielle, éternellement ballottée entre ces deux extrêmes également funestes : d'un côté les corporations et le patronage, auxquels nous avons vu l'atelier donner naissance, d'autre part le monopole [...].
Le socialisme, en protestant avec raison contre cette concurrence anarchique, n'a rien proposé encore de satisfaisant pour sa réglementation; et la preuve, c'est qu'on rencontre partout, dans les utopies qui ont vu le jour, la détermination ou socialisation de la valeur abandonnée à l'arbitraire, et toutes les réformes aboutir, tantôt à la corporation hiérarchique, tantôt au monopole de l' état, ou au despotisme de la communauté."
Pierre-Joseph Proudhon, Système des contradictions économiques ou Philosophie de la misère, vol. I, , Paris, 1850 (2. Auflage), S.194-196, 233.
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